La Fourmilière (mars-avril 2020)
La Fourmilière est téléchargeable en bas de page.
Plus jamais comme avant
Notre quotidien est bouleversé. Par la tristesse de connaître des proches touchés par la maladie ou par la mort. Par l’angoisse de devoir soi-même faire face à la maladie. Par l’éloignement forcé de nos familles, de nos amis, de nos collègues. Par la perte de revenus déjà réelle ou annoncée. Par l’étroitesse de notre espace de vie entre quatre murs. Par la difficulté de devoir vivre 24h sur 24 avec un.e conjoint.e et/ou des enfants sans pouvoir changer d’air. Ou au contraire par la solitude encore plus pesante en cette période d’angoisse.
Heureusement, nous nous surprenons à ressentir de la joie de voir toutes les formes de solidarité qui se mettent en place, que ce soit entre voisins ou pour se mettre au service du personnel soignant. Et nous nous surprenons à rire grâce au légendaire sens de l’humour des Belges, si précieux dans ces moments-ci.
Le travail des Equipes Populaires est lui aussi bouleversé. Ce qui fait notre ADN : la vie des groupes, les rencontres formelles et informelles, les débats de société animés et si enrichissants… tout cela est momentanément à l’arrêt. (Voir en pages 15 et 16 la rubrique Vous ne l’avez PAS fait !). Mais nous ne nous tournons pas les pouces. En régions, nous nous inventons d’autres manières de rester en contact, de faire travailler nos méninges, de préparer l’Après-Corona.
Rapidement, des initiatives de solidarité se sont mises en place pour soutenir les personnes qui souffrent le plus de cette situation : les mal-logés, les migrants, les travailleurs précaires…
Au niveau communautaire, nous avons réalisé pour la première fois en « 100% télétravail » les numéros de Contrastes et Fourmilière. Nous clôturons les comptes, poursuivons la recherche participative sur les peurs, préparons le renouvellement des fonctions communautaires, répondons à toutes les sollicitations pour signer des prises de positions avec d’autres organisations (voir Contrastes). Notre campagne de sensibilisation sur les hôpitaux (eh oui, ça ne s’invente pas !) qui devait démarrer en mai, a été suspendue pour des raisons logistiques et surtout pour pouvoir ajuster le tir en fonction de l’actualité qui nous saute au visage : oui, un refinancement des soins de santé et de l’ensemble de la sécurité sociale sera plus que jamais indispensable.
Et puis, c’est notre avenir commun qui sera bouleversé dans les prochaines semaines, dans les prochains mois, dans les prochaines années. Nous ne sommes pas devins. Chacun d’entre nous commence à se faire son opinion de ce que pourrait être l’Après. Toutes les hypothèses sont sur la table : du « Business as usual » à l’effondrement en passant par la révolution rouge-verte, plus rouge pour certains, plus verte pour d’autres. A la foudroyante rapidité avec
laquelle notre système économique s’écroule, il faudra une réponse tout aussi rapide pour ne pas que la page soit tournée comme si rien ne s’était passé (le gouverneur de la BNB table déjà sur une reprise de croissance économique exponentielle en 2021 !). Il faut dès à présent crier haut et fort que nous voulons un autre avenir que celui
que le néolibéralisme nous faisait subir : nous voulons vivre dans un monde juste, respirable, solidaire, et qui respecte les droits humains. Soyons-en toutes et tous acteurs à notre manière et selon nos moyens.
Monique Van Dieren
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