Retour sur notre journée d’étude « Alimentation et écologie populaire »
Le 21 mars dernier, pour amorcer le printemps en beauté, a eu lieu à Namur notre traditionnelle journée d’étude. Au programme : « Alimentation & écologie populaire ». L’objectif de cet évènement ? Envisager l’alimentation dans le système plus global dans lequel elle s’insère et identifier les points de tension entre la nécessité de « bien » se nourrir et la/les réalité(s) des publics populaires. Rappelez-vous, déjà lors du congrès de 2023, nous avions abordé ce vaste sujet qu’est l’alimentation. Parmi les conclusions à l’époque, cette affirmation : « À ce stade, nous avons encore besoin d’approfondir chacune de ces questions (questions recensées dans les actes du congrès, ndlr), mais ce dont nous sommes sûrs c’est que nous refusons la logique individuelle. C’est d’une régulation et d’une réorganisation du système dans son ensemble que nous voulons, qui réponde à la fois aux impératifs écologiques et aux impératifs sociaux ». Cette journée fut donc l’occasion de poursuivre, ensemble, la réflexion.
Poser les bases, c’est essentiel
C’est sous les premiers rayons du soleil de la saison que les participants sont arrivés, la plupart membres des neuf régionales des Équipes Populaires. Notre journée d’étude se tenait pour la première fois dans les locaux du nouveau coworking de Namur, installé dans une ancienne maison de maître au charme certain. Autour d’un café, d’un thé et d’une douceur (car la nourriture tient une place importante dans chaque évènement de la vie), la thématique de la journée s’est lancée. Pour rappel, l’alimentation comprend quatre étapes clés : la production, la transformation, la distribution et, enfin, la consommation. Pour cette journée, nous avons fait le choix de nous pencher essentiellement sur la production et la consommation, faute de disposer du temps nécessaire pour aborder toutes les étapes. Pour nous accompagner dans notre réflexion, nous avons eu la chance de compter sur des intervenants extérieurs très au fait de leur sujet. En introduction de la journée, Amaury Ghijselings du CNCD est venu nous présenter « la grande image » du système alimentaire pour contextualiser chacun des grands enjeux avant de nous plonger dans nos deux thématiques de la journée : production et consommation. L’agriculture produit-elle vraiment 1/3 des gaz à effet de serre ? La faim a-t-elle diminué dans le monde ces 10 dernières années ? Faut-il produire plus pour réussir à nourrir tout le monde ? L’augmentation des prix de la nourriture augmente-t-elle le revenu des agriculteurs ? En sondant la salle et les croyances de chacun, il nous a permis de mieux cerner les contours de notre sujet. Ses explications claires et éclairantes nous ont permis d’avoir en tête, tout au long de la journée, les défis et les questions quand on parle d’alimentation. En effet, de nombreux enjeux se posent, notamment en termes de transformation et de distribution. Pour aborder la transformation, c’est au travers de la conférence gesticulée d’Odile Ramelot que nous avons souhaité ouvrir une première porte. Odile, qui se présente non sans une pointe de dérision en ces mots : « « Je suis une “bobo”, bio, zéro déchet. Je suis petite-fille d’agriculteurs et je ne sais plus planter une patate », nous a emmenés avec elle dans la découverte du système agro-alimentaire mondialisé et la pression qu’il exerce sur les agriculteurs et l’environnement. Ce dispositif particulier a donné lieu à de riches échanges avec la salle qui, outre la redécouverte du chou-rave, a eu à cœur de connaitre les suites qu’Odile comptait donner à sa conférence. C’est ainsi que nous avons appris qu’il existait une partie deux, alors rendez-vous une prochaine fois ?
Une après-midi pour échanger
L’après-midi était consacrée à la consommation, et plus particulièrement au lien entre consommation et citoyenneté. Pour évoquer le sujet, nous avions la chance de compter sur un invité qui dispose d’une longue et riche expérience en la matière : Daniel Cauchy, co-fondateur, entre autres, de « Rencontre des Continents », une association qui travaille éducation permanente et alimentation. Il nous a invités à découvrir et à nous renseigner sur le monde qu’il y a dans notre assiette. Son intervention nous a présenté plusieurs moyens d’aborder, avec tous les citoyens, les problématiques de l’alimentation en les encrant dans la réalité de chacun : le jeu de la ficelle (qui modélise le système), des ateliers de cuisine (pour articuler les pratiques et les questionnements) , le tribunal de l’abominable courgette masquée (qui montre l’impasse du modèle agricole actuel), ou encore les ateliers de cuisine hybride qui intègrent des contraintes comme préparer un plat d’ailleurs avec des aliments d’ici. Nous avons conclu cette après-midi par des ateliers participatifs autour d’initiatives inspirantes, que ce soit aux Équipes Populaires ou ailleurs. Nous avons pu faire se rencontrer les projets de notre mouvement, comme le jardin partagé de Baudour, le frigo solidaire de Verviers et la préparation et distribution de soupe « ras-le-bol » à Charleroi. L’occasion d’aborder les réussites, mais également les résistances rencontrées. En dehors des Équipes, nous avons découvert le concept de Sécurité Sociale de l’Alimentation avec Martin, le rêve d’une 8e branche de la sécurité sociale qui permettrait à tous de recevoir un chèque alimentaire, pour lequel nous cotiserions selon nos moyens. Nous avons aussi fait connaissance avec les Brigades d’Actions Paysannes. Ces dernières, représentées par de jeunes bénévoles qui nous ont inspirés, ont lancé un projet innovant : donner la possibilité à tout un chacun de se reconnecter avec la terre qui nous nourrit, en aidant de manière concrète des paysans qui, dans le contexte actuel, ont besoin d’aide pour maintenir la tête hors de l’eau. Un site Internet vous permet d’en savoir plus : https://brigadesactionspaysannes.be
Un final haut en couleurs
Pour conclure, la dessinatrice Poney (Pauline Antoine), qui nous a accompagné tout long de la journée, a résumé en dessins et avec une touche d’humour l’ensemble des réflexions que nous avions menées. Elle a su, avec un regard extérieur bienvenu, résumer les étapes importantes de ce voyage au cœur de l’alimentation. Les échanges, tout au long de notre journée d’étude, furent inspirants et plus que nombreux. La participation massive à cet événement, ainsi que les remarques pertinentes qui ont fusé, sont des signaux clairs pour les Équipes Populaires : nous devons continuer notre travail autour de l’alimentation et de l’écologie populaire.