[REVUE] L’impôt ça nous enrichit !
Réhabiliter l’impôt ? Un pari démocratique
Guillaume Lohest
Il n’est pas si facile, aujourd’hui, de défendre l’impôt. Dans un climat de méfiance envers les institutions, de colère contre les injustices fiscales, et face à un gouvernement Arizona dont les choix creusent les inégalités, affirmer que l’impôt est quelque chose de bon peut paraître naïf, voire provocateur.
Et pourtant, c’est bien le message de notre campagne et de ce numéro. Non par aveuglement ou par nostalgie d’un État-providence idéalisé, mais par conviction que l’impôt, dans son principe, est profondément démocratique : c’est ce que nous décidons de mettre en commun pour vivre ensemble. Il est un acte politique au sens fort du terme, une manière d’incarner la solidarité, la redistribution, la justice.
Comment en est-on venu à associer l’impôt à une punition ? Pourquoi notre inconscient collectif en fait-il spontanément une source de frustration, voire de méfiance ? Le premier article explore ce biais enraciné dans notre histoire et nos références culturelles.
Nous retournons aussi aux fondements : l’impôt est ce que nous construisons ensemble. Il façonne des routes, des écoles, des hôpitaux… mais aussi du commun, du lien, du projet. Encore faut-il comprendre d’où vient cet argent, comment il est collecté, quels impôts existent et à quoi ils servent. Nous avons donc tenté de rendre ces mécanismes plus lisibles, pour se réapproprier un sujet devenu très technique.
Nous avons aussi tendu l’oreille à des voix du Réseau pour la Justice Fiscale, dont les Équipes Populaires font partie, pour dénoncer sans ambiguïté, dans une conversation à plusieurs, la vision profondément injuste du gouvernement actuel, qui fait de la fiscalité un levier de privilèges plutôt qu’un outil d’équité. Et, surprise étrange : même certains riches expriment le souhait de contribuer davantage. Ne nous y trompons pas : ces voix restent minoritaires. La résistance des plus privilégiés à une fiscalité équitable demeure forte, et les mécanismes d’évasion ou d’optimisation fiscale continuent de miner la confiance collective.
Nous ne voulons pas clore le débat sur l’impôt, nous voulons le relancer dans une approche d’éducation populaire, en partant de ce paradoxe : défendre l’impôt est devenu périlleux, mais renoncer à le faire serait encore plus dangereux ! Alors oui, c’est un pari. Mais un pari lucide. Et nécessaire.
Bonne lecture !
Consultez le dossier en ligne : Revue Contrastes Mai–Juin 2025