Comment mangerons-nous demain sur notre territoire ? Les citoyens ouvrent le débat à Neufchâteau
Ou comment faire vivre un recueil d’enquête d’utilité public ?
C’est la 1ère fois que les Équipes Populaires se rendaient à la bibliothèque de Neufchâteau pour arpenter un livre, invité par une citoyenne de l’entité. (Merci Elisabeth 😊 )
L’ouvrage en question est une véritable matérialisation du faire ensemble, un regard collectif dans une même direction après une impressionnante gestion démocratique, portée et outillée par l’ASBL Nature Attitude.
Le résultat : un ouvrage solide et à l’unanimité d’utilité publique !
Les participants, réunis cet après-midi, viennent de milieux différents, avec des attentes et des intérêts variés.
En introduction, que veut dire une alimentation locale pour les membres du groupes ?
- “Chanceuse d’y avoir accès.”
- “L’alimentation en général est très chère, même si ce n’est pas local.”
- “C’est meilleur et nourrissant.”
- “Je suis allergique au local, c’est une déconnexion avec les autres : avec le Sud, on ne perd pas le Nord !”
- “J’y ai facilement accès.”
- « C’est complexes. »
Leslie : Inquiétude face à l’alimentation de demain
L’alimentation est chère, qu’elle soit locale ou pas. Je m’inquiète pour mes enfants.
“ C’est malheureux que ce soient les citoyens qui doivent s’organiser seuls. ”
Pourquoi on n’entend pas parler de ce projet de livre à la TV ? Moi, je préférerais voir ça plutôt que l’on parle de l’un ou l’autre qui est mort !
Anne-Françoise animatrice à Nature Attitude : Difficulté d’obtenir une visibilité médiatique
« Pour te répondre Leslie : TV Lux nous a dit : Allez-y déjà et on verra bien. Ils n’ont pas suivi le processus. ”
Nous avons organisé une conférence de presse, le Journal de l’Avenir du Luxembourg a écrit un très bel article mettant en lumière les citoyens, tandis que TV Lux a réalisé un reportage peu représentatif de toute la démarche…
Aujourd’hui, ce recueil d’enquêtes est un outil incroyable pour rassembler, comme c’est le cas avec cet arpentage, et nous remercions l’Équipe Populaire qui, dès le départ, s’est saisie de ce livre pour le faire vivre.
D’ailleurs nous avons décidé de faire de même et de l’arpenter dans différentes bibliothèques de la province : Bastogne, Virton, Habay…”
Toutes les infos ici : https://www.natureattitude.be/
Jean-Marie intervient :
“Combien a coûté la production du livre et sa diffusion ?”
Anne-Françoise : Juste le graphiste. Une centaine d’exemplaires ont été imprimés. Pour Nature Attitude, c’est un compte nul car il a été créé par les citoyens: recherche, rédaction, enquête sur le terrain…
Jean-Marie : Les enjeux du foncier et de l’agriculture
“Il faut rester vigilants sur la qualité des sols et réaliser des analyses régulières.”
Il explique que le foncier est la gestion des terres agricoles. L’étude du foncier montre que la terre est très chère, surtout autour d’Arlon et Neufchâteau. Mais des coopératives comme Terre en Vue permettent aux citoyens d’investir et de soutenir les futurs paysans. Nous avons assez de terres pour nourrir tout le monde, à condition d’adapter l’agriculture : moins de viande, plus de maraîchage, plus de diversité. Les communes devraient acheter des terrains et les mettre à disposition.
Il y a des pistes d’action : interpeller les communes pour acheter des terrains, promouvoir la coopération, acheter des parts de terrain pour les louer à bon prix aux paysans. Pour 2030, la Région doit atteindre 30 % de bio ; aujourd’hui nous en sommes à 21 %, mais il s’agit principalement de prairies.
Transmission des terres et solidarité locale
La transmission des terres: à qui, comment et sous quelle forme ? c’est un réel enjeu.
La terre en héritage, ce n’est pas facile : pour un paysan, vendre est un déchirement, surtout à d’autres en dehors de la famille. C’est compliqué.
Mais même seuls, ils peuvent souvent compter sur la solidarité des habitants pour les aider lors des périodes plus rudes.
Jean-Marie conclut :
“ Ce rapport est un travail utile et intéressant.”
Nathalie : Colère contre l’industrie et la concurrence déloyale
Le moins cher ne participe pas à une alimentation plus saine et équitable, ni au soutien des producteurs locaux. Elle s’indigne de la concurrence déloyale de l’industrie agro-alimentaire qui fait croire que les petits producteurs affichent des prix trop hauts, alors qu’ils ont souvent à peine de quoi vivre vu la difficulté du métier. Le prix de la transformation des légumes à petite échelle ne peut pas rivaliser avec celui des industriels.
“Ça me met en colère que l’industrie transforme la nourriture n’importe comment avec n’importe quoi ! ”
Et les petites épiceries souffrent aussi, car en hors-saison, elles ne proposent que des produits locaux, avec peu de diversité.
Les communes devraient investir dans les écoles, les crèches, les collectivités doivent se fournir localement.
Elle conclut :
“Il faut du temps, énormément de temps dans sa vie de tous les jours. Ce n’est pas pratique quotidiennement de se fournir en local.
Ce sont toujours les petits qu’on spotch!
C’est très bien d’avoir écrit ce livre, dommage qu’il ne soit pas diffusé. »
Élisabeth : Joie et espoir face aux initiatives locales
J’adore la citation d’Einstein à la fin : Si j’avais une heure pour résoudre un problème, je passerais 55 minutes à réfléchir au problème et 5 minutes à réfléchir aux solutions.
Mais pour moi, c’est l’inverse. Je suis heureuse de lire toutes ces initiatives, ces solutions et il y en a beaucoup que je ne connaissais pas, comme le verger conservatoire qui préserve les anciennes variétés adaptées au climat et au sol dans la commune de Habay, et en plus soutenu par la commune.
Je suis en colère par rapport à la commune de Neufchâteau qui a beaucoup de pouvoir mais qui n’en fait rien !”
“Je ressens beaucoup d’espoir, le collectif est toujours là. Je suis enchantée, d’autant d’initiatives, comme en 68, en lien avec ma propre histoire.”
Mais, j’observe personnellement que c’est difficile aujourd’hui de maintenir des projets. Les jeunes (25–40 ans), dès qu’ils sortent de l’école, n’ont plus le temps de s’investir dans des projets collectifs.”
Conclusion
Cet arpentage a permis de faire résonner la voix des participants : inquiétudes face au prix de l’alimentation, colère contre l’agro-industrie et le manque de soutien politique, mais aussi joie, espoir et envie d’agir.
L’ouvrage est un outil précieux et à diffuser, qui ouvre la réflexion : comment nourrir demain notre territoire ? La réponse passe sans doute par la coopération, la solidarité et le choix de soutenir une agriculture locale, diversifiée et en la rendant accessible à tous.
Une affaire à suivre de près
Les citoyens-auteurs ne lâchent rien. Après avoir rencontré les responsables politiques en campagne, dont certains n’ont pas hésité à piocher dans leur travail pour nourrir leurs programmes électoraux. Ils réclament aujourd’hui des comptes. Les promesses faites doivent désormais se traduire en actes. Une affaire à suivre de près !
Je remercie tous les participants,
la bibliothèque de Neufchâteau pour son accueil,
Anne-Françoise pour la coanimation qui a enrichie cette après-midi et
Elisabeth pour les mises en bouche équitable.