Retour du voyage immersion en RDC avec WSM
Nous étions un groupe de dix personnes à nous rendre en République Démocratique du Congo où nous avons séjourné quelques jours à Kinshasa. Nous sommes également allés dans la région du Katanga, où nous nous sommes arrêtés à Lubumbashi et à Kolwezi. Les participants au voyage étaient issus de plusieurs organisations du MOC, telles que le Ciep National/Liège/Verviers, WSM Belgique, la CSC ainsi que Monique Renard et moi-même pour les Equipes Populaires Verviers (avec la commission WSM Verviers). Sur place, nous avons été accompagnés par l’équipe WSM Afrique Centrale tout au long du séjour.
Nous avons rencontré de nombreux partenaires de WSM Afrique Centrale. Notre volonté était de mieux appréhender les enjeux sociaux, environnementaux et économiques au Congo. Ce voyage était l’ occasion d’aborder les questions liées à la transition juste et de découvrir les défis rencontrés par les partenaires locaux et les populations congolaises. Les visites auprès des organisations sur place nous ont permis de nous rendre compte des conditions de travail sur le terrain, particulièrement dans les secteurs informels.
A Lubumbashi, capitale du Haut-Katanga, nous avons poursuivi nos questionnements et il s’avère que la région est particulièrement stratégique car elle est l’un des principaux foyers d’exploitation des minerais, notamment le cuivre et le cobalt, essentiels à la production des voitures électriques.
Avec la CSC Congo, nous nous sommes particulièrement intéressés à la question des droits des travailleurs dans les mines et aux conditions de travail dans les zones minières : quel est l’impact de l’exploitation minière sur les conditions de vie des travailleurs locaux, en particulier ceux qui sont employés dans le secteur informel ?
Richard, permanent syndical à Kolwezi, soulignait la situation spécifique dans la province du Lualaba où se trouvent des zones particulièrement riches en ressources minières. À Kolwezi, la ville repose sur un gisement de minerais. Il existe des débats autour de la possibilité de déplacer certaines populations pour exploiter pleinement ces gisements. Une grande partie des activités minières dans la région se déroule dans le secteur informel, où de nombreuses personnes travaillent dans des conditions extrêmement précaires.
En effet, les conditions de vie des travailleurs informels sont particulièrement difficiles et dangereuses. Leurs salaires sont souvent insuffisants pour subvenir à leurs besoins. Certains se retrouvent dans des situations de surendettement, prenant des crédits pour pouvoir vivre. L’exploitation des ressources naturelles par les entreprises minières, en particulier celles qui n’ont pas de responsabilité sociale en matière de développement local, a également été un point de réflexion. De nombreuses entreprises minières ne respectent pas les droits des travailleurs et bénéficient d’avantages importants sans contribuer à la société locale de manière équitable et durable.
Mais quid de l’impact environnemental dans tout ça ? Kolwezi et Lubumbashi sont confrontées à des problèmes importants liés à la déforestation et à la pollution des sols. D’une part, l’utilisation massive de bois pour la fabrication du charbon conduit à une déforestation considérable. D’autre part, l’exploitation minière a des effets nocifs sur la biodiversité, la qualité de l’air et de l’eau, ce qui entraîne des risques à long terme pour les communautés locales. La question de la transition juste apparait donc de manière cruciale mais ne doit pas se faire au détriment des droits du travail et des conditions de vie des populations locales. Une planification à long terme est donc nécessaire pour garantir que les populations locales puissent vivre de manière autonome et pérenne, même après l’épuisement potentiel des ressources minières.
Les partenaires rencontrés sur place déploraient le manque de diversification des activités économiques dans la région. L’exploitation minière, bien qu’étant un moteur économique important, est loin d’être suffisante pour garantir une prospérité durable pour la population locale. L’agriculture, le maraîchage et l’élevage sont sous-développés. L’idéal serait que les autorités locales mettent en place des mesures incitatives pour les entreprises minières afin qu’elles investissent également dans des activités économiques transversales et d’autres secteurs vitaux pour l’économie locale . Une telle diversification pourrait également contribuer à réduire les tensions sociales et à garantir une plus grande autonomie alimentaire pour les populations locales. Car dans les faits, de nombreuses entreprises minières profitent de l’exploitation des ressources naturelles sans tenir compte de l’impact environnemental et social. L’exemple des entreprises chinoises, qui importent une grande partie de leurs besoins (magasins, médecins, etc.) a été cité comme un cas où les bénéfices de l’exploitation minière ne profitent aucunement à la population locale.
Un des messages clés exprimés par les partenaires de WSM Afrique Centrale a été l’appel à la Belgique pour qu’elle prenne ses responsabilités dans le soutien à la RDC, en particulier en matière de justice sociale et de développement durable. La Belgique, en tant que pays ayant des liens historiques forts avec le Congo, devrait se faire le relais des revendications congolaises au niveau international et aider à faire entendre la voix de la population congolaise.
En conclusion, ce voyage a permis au groupe de mieux comprendre les défis énormes auxquels la population congolaise est confrontée. Le boom minier, bien qu’il ait contribué au développement économique, a également accentué les inégalités sociales, les problèmes environnementaux et la précarité de la population congolaise.
Nous nous sommes également rappelés de l’importance de la solidarité internationale pour soutenir les actions des partenaires locaux et de la nécessité d’une pression politique forte, notamment de la part des citoyens et concitoyennes belges, pour dénoncer les injustices socio-économiques et militer pour un avenir plus équitable pour le Congo.
Encore un tout grand merci à toute l’équipe WSM Afrique Centrale pour leur accueil et leur accompagnement durant tout le séjour, un merci à tous les partenaires sur place qui nous ont accordé leur attention et leur temps, merci également à l’équipe WSM Belgique pour leur travail et leurs revendications !