Campagnes

Démasquons les mots qui mentent ! (2015–2016)

Une campagne contre les mots qui mentent, c’est quoi ?

Les mots qui mentent, ce sont les mots du pouvoir qui ont fait leur appa­ri­tion depuis la montée en puis­sance de la « pensée unique », ceux dont le sens est déformé, ceux qui nous font croire qu’il n’y a pas d’al­ter­na­tive au néoli­bé­ra­lisme.

Flexi­bi­lité, acti­va­tion, charges sociales, dumping fiscal, excel­len­ce… Ces mots, nous les enten­dons tous les jours. Ils font large­ment partie du langage média­tique, insti­tu­tion­nel, poli­tique et finissent même par atter­rir dans nos propres bouches. Le choix des mots a pour­tant toute son impor­tance. Si on vous parle de charges sociales, on induit l’idée que la soli­da­rité est une charge pour la société. Alors que si on vous parle de coti­sa­tions sociales, on laisse sous-entendre qu’il est natu­rel de contri­buer au fonc­tion­ne­ment de la soli­da­rité. Deux mots censés renvoyer à une réalité iden­tique mais qui prennent tous deux un autre sens en fonc­tion d’une idéo­lo­gie sous-jacente.

Le « Petit menteur », un diction­naire engagé, parti­ci­pa­tif et décalé

Les mots qui mentent, ce sont les mots du pouvoir qui ont fait leur appa­ri­tion depuis la montée en puis­sance de la « pensée unique », ceux dont le sens est déformé, ceux qui nous font croire qu’il n’y a pas d’al­ter­na­tive au néoli­bé­ra­lisme.

L’objec­tif est de redon­ner du sens aux mots en proposant :
• Une défi­ni­tion “néoli­bé­rale”, c’est-à-dire, lorsque le mot est employé par des néoli­bé­raux, à quel concept il fait réfé­rence. Bref, le côté brillant de la médaille. Par exemple, dans le langage néo-libé­ral, le terme « Acti­va­tion » est syno­nyme de respon­sa­bi­li­sa­tion, de dyna­misme.

• Une défi­ni­tion “progres­siste” ou plutôt “appe­lons un chat un chat” : c’est le déco­dage, la traduc­tion du discours, la réalité qu’il recouvre dans les faits, ce que cachent ces belles paroles. Bref, le côté peu relui­sant de la médaille. Dans ce cas, le terme « Acti­va­tion » est syno­nyme de contrôle renforcé, d’ex­clu­sion.

• Une défi­ni­tion “déca­lée”, loufoque, pour donner un côté léger au diction­naire

Ce diction­naire a été réalisé à la fois par des membres des Equipes Popu­laires, et des « person­na­li­tés ». Cette première édition a depuis été enri­chie par des membres des groupes locaux des Equipes Popu­laires, par des étudiants,  des sympa­thi­sants… Ce qui a donné lieu à une nouvelle édition revue et augmen­tée, agré­men­tée d’illus­tra­tions Le Petit Menteur illus­tré 

Le jeu du diction­naire revi­sité

« Le Jeu du Dico­men­teur » – qui fait réfé­rence à la fameuse émis­sion du Jeu du diction­naire de la RTBF – , a été sans aucun doute l’ac­ti­vité phare de cette campagne. Des chro­niqueurs se sont prêtés au jeu en live devant un public enthou­siaste. Elle a rencon­tré un grand succès. Autant lors du lance­ment de la campagne lors de la Foire du Livre poli­tique de Liège que dans sa décli­nai­son dans nos régio­nales. La formule a égale­ment été trans­po­sée en émis­sion radio sur Radio 27 et Run radio.

Le Petit menteur : le dico parti­ci­pa­tif, engagé et décalé

Les mots qui mentent…

Les Equipes Populaires - Le petit menteur : le dico participatif, engagé et décalé - Les mots qui mentent

Le langage est une des plus belles des inven­tions humaines. Sans mots, pas de commu­ni­ca­tion écrite ou verbale, et donc pas de vie sociale possible. Les mots sont tantôt doux, violents, imagés, compliqués, drôles, cyniques, gros­siers. Ils peuvent aussi être mani­pu­la­teurs ou menteurs, notam­ment lorsqu’ils sont au service d’in­té­rêts parti­cu­liers ou d’une idéo­lo­gie domi­nante. Les mots peuvent être en effet détour­nés de leur sens premier et servir à justi­fier des mesures qui aggravent les inéga­li­tés sociales. Des mots que l’on entend désor­mais partout, que l’on utilise parfois sans y penser.

Des mots comme “charges sociales” qui laissent croire que la soli­da­rité dans une société serait un poids. Des mots comme « taxe » qui font oublier qu’a­vant tout, les impôts sont une contri­bu­tion au finan­ce­ment des services collec­tifs. Des mots comme “acti­va­tion” qui font croire que le problème vien­drait des chômeurs et pas du manque d’em­plois dispo­ni­bles…

Sans crier gare, le néoli­bé­ra­lisme ne fait pas que des ravages sur le plan écono­mique, il a donc aussi colo­nisé les esprits en nous marte­lant avec de mots dont la trans­for­ma­tion progres­sive du sens est lourde de consé­quences. Elle convainc une grande partie de la popu­la­tion qu’il n’y a pas d’al­ter­na­tive au capi­ta­lisme. Ce lavage de cerveau opère donc un lami­nage idéo­lo­gique qui discré­dite tout autre courant de pensée et tente de casser l’es­poir que des alter­na­tives sont possibles.

… Démasquons-les !

Tout cela, ce ne sont que des mots… mais l’im­por­tant c’est l’ac­tion, direz-vous peut-être ! Sauf que… Décryp­ter le langage néoli­bé­ral, appelé aussi Novlangue, permet de voir que le langage utilisé abon­dam­ment par les écono­mistes, les poli­tiques et les médias nous impose d’ac­cep­ter la déré­gu­la­tion sociale et l’ac­crois­se­ment des inéga­li­tés. La répé­ti­tion inces­sante des mots austé­rité, compé­ti­ti­vité, handi­cap sala­rial, poids de la dette publique, ce n’est pas que des « parr­roles-parrr­roles », cela a un impact bien réel sur notre emploi (ou pas), sur nos reve­nus, sur l’en­sei­gne­ment et l’édu­ca­tion des enfants, sur nos modes de vie, sur nos utopies…

Voir et comprendre ces mots permet de montrer au grand jour les stra­té­gies qui se cachent derrière et de réaf­fir­mer que notre choix de société n’est pas celui-là, mais bien celui de l’éga­lité, de la soli­da­rité et du bien-être collec­tif. Démasquer les mots qui mentent pour révé­ler “le vrai visage du néoli­bé­ra­lisme”, c’est l’objec­tif de la campagne de sensi­bi­li­sa­tion que les Equipes Popu­laires ont initiées en 2015. Pas de prise de tête, mais une campagne ludique et parti­ci­pa­tive qui invi­tait chacun, indi­vi­duel­le­ment ou en groupe, à contri­buer à l’éla­bo­ra­tion d’un diction­naire des mots qui mentent. Asso­cia­tions, mili­tants, citoyens… tous y ont contri­bué.

Une première édition a été publiée dans le sillage de la campagne de sensi­bi­li­sa­tion en 2015. Et en 2016, une seconde édition « Le Petit Menteur illus­tré » a vu le jour, enri­chie de cari­ca­tures, d’extraits de discours poli­tiques, de coups de gueules et d’une boite à outils péda­go­giques bien utile pour jongler avec les mots de la novlangue ! Pour le comman­der, c’est par ici !

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Outils de sensi­bi­li­sa­tion à télé­char­ger