Accueil des réfugiés : Le rendez-vous manqué (Contrastes Avril 2016)
Everybody welcome… Really ?
L a crise de l’accueil des réfugiés est le résultat d’une pitoyable
accumulation de rendez-vous manqués.
Le rendez-vous manqué de l’empathie avec des personnes
en extrême souffrance qui fuient les bombes, la misère, la terreur
et la mort.
Obnubilés par la prétendue menace que leur
arrivée pourrait représenter, nous en arrivons à ne plus voir
les réalités de vie – ou de survie – qui les ont poussés à fuir
leurs pays totalement sinistrés par la guerre ou la misère.
Le rendez-vous manqué de l’Europe, qui patauge lamentablement
lorsqu’il s’agit de faire preuve de solidarité et de dignité
vis-à-vis de peuples qui, comme son propre peuple, a dû fuir
les atrocités de la guerre.
Une Europe qui aujourd’hui monnaye avec la Turquie la vie de centaines de milliers de personnes
pour que ceux-ci restent, au péril de leur vie, derrière les barbelés
que l’Europe a érigés pour protéger ses intérêts et mé-
nager son opinion publique.
Le rendez-vous manqué de la Belgique qui, comme la plupart
des pays européens, use et abuse de moyens plus sournois les uns que les autres pour dissuader les migrants de demander l’asile chez nous : courriers noircissant l’image de la Belgique envoyés dans les pays d’origine, limitation de la durée du séjour, fermeture temporaire de frontières, déclarations mé- prisantes de nombreux responsables politiques…
Le rendez-vous manqué de l’opinion publique qui, comme
l’explique François De Smet dans son interview, se laisse envahir
par des peurs souvent irrationnelles et ne parvient plus
à faire consensus autour de valeurs communes.
Le seul rendez-vous réussi, ce pourrait être celui de la société
civile qui s’est rapidement mobilisée pour compenser le peu
d’enthousiasme – et c’est peu dire – des pouvoirs publics pour
procurer un accueil digne de ce nom lors de l’arrivée massive
des réfugiés à l’été 2015.
Le terreau associatif était déjà bien
fertile avant cela, mais grâce au coup de main d’un grand nombre
de bénévoles, il fait preuve d’une capacité de mobilisation
et d’organisation qui se révèle indispensable tant en matière
de premier accueil que de soutien aux politiques d’intégration.
Que retiendrons-nous de cette crise de l’accueil qui, après la
crise de la solidarité avec la Grèce, révèle entr’autres les
failles de la construction européenne ?
Il est temps de prendre
conscience que, comme le dit François De Smet, les causes
de la migration sont liées à un déséquilibre mondial. Et ce
n’est pas avec des politiques de dissuasion et d’humiliation et
quelques kilomètres de barbelés qu’on résoudra le problème
d’accaparement des richesses par une élite mondiale provoquant
des inégalités et des conflits dont les enjeux sont de plus en plus souvent géostratégiques.
Sommaire
p3 – Vague migratoire : Dans la peau de ceux qui risquent la leur Ils étaient 1,2 million à demander l’asile dans l’UE en 2015. Que raconte ce chiffre ? Une vague ? Un flux ? Pire, une « invasion » ? Pour aborder la réalité de ce que certains nomment la « crise » des réfugiés, il faut commencer par changer de perspective. Avant toute chose, les migrations sont des départs.
p6 – Europe : Les murs de la honte La migration vers l’Europe a toujours existé mais dernièrement, elle connaît une intensification sans précédent. Force est de constater qu’aujourd’hui, l’UE a dépassé les limites en comptant sur la Turquie pour refouler les réfugiés qui souhaitent atteindre l’Europe, perçue comme la terre du progrès et du respect des droits de l’homme.
p10 – Belgique : La politique de la dissuasion Procédures rapides, lutte contre les abus comme préoccupation centrale, liste (étendue) de pays d’origine dits “sûrs”, campagnes de dissuasion. : la vision restrictive du gouvernement belge est particulièrement inquiétante.
p13 –Interview : Nous sommes nés du bon côté du jardin Comment nos gouvernements et nos opinions publiques sont-ils en train de réagir à ce phénomène ? Quel rôle l’Europe veut-elle, peut-elle jouer ? Quelles pistes sont à privilégier pour l’avenir ? Eléments de réponse avec François De Smet, philosophe et directeur du centre Myria.
p17 – Accueil et intégration : La société civile se mobilise Par sa capacité et sa rapidité de mobilisation, la société civile représente un indispensable soutien aux mesures publiques d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile. Sans toutefois s’y substituer.
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