Nouvelle gauche en Europe : Casser l’engrenage de l’austérité (Contrastes août 2016)
En finir avec le chantage
« La gauche en ruines », c’est le titre du dernier numéro de la Revue Nouvelle. A voir la composition du Parlement européen et de la toute grande majorité des gouvernements nationaux, on ne peut qu’adhérer à ce constat. Encore faut-il savoir de quelle gauche on parle… Celle qui a renoncé à une rupture franche avec le capitalisme et s’est laissée un peu trop séduire par les sirènes du néolibéralisme ?
Oui, la plupart des partis socialistes européens en sont arrivés là et perdent du terrain, y compris dans les pays où ils sont au pouvoir, en France par exemple.
En Belgique, les socialistes au pouvoir pendant plus de 25 ans font une cure d’opposition au fé- déral, et la gauche (tant sociale-démocrate que radicale) peine à se faire entendre, surtout au nord du pays. Ou parle-t-on de la « nouvelle gauche » ou « gauche radicale », qui a trouvé un souffle puissant dans la lutte contre les politiques d’austérité imposées par l’UE et appliquées par les Etats comme de bons petits soldats ?
Comme nous le verrons dans ce dossier, cette gauche-là a connu des succès électoraux dans les pays les plus touchés par la crise, en particulier dans le sud de l’Europe (Grèce, Espagne, Portugal). Ils y ont connu des victoires, mais ils sont loin d’avoir gagné le bras de fer que leur impose l’UE et/ou leurs dirigeants nationaux pour faire passer des mesures d’austérité. En Grèce, Syriza en a fait la douloureuse expérience. En Espagne, Podemos a gagné sur le terrain municipal mais n’a pas réussi à imposer son agenda au niveau national.
Et au Portugal, le Bloco soutient de l’extérieur le Parti Socialiste au pouvoir pour que celui-ci rompe avec les mesures antisociales des gouvernements de droite précédents. Qu’ils soient issus d’alliances entre de petits partis ou mouvements d’extrême gauche (comme Syriza en Grèce ou le Bloco au Portugal), ou de mouvements sociaux (comme les Indignés en Espagne), ces partis ont un puissant point commun : rompre avec les politiques d’austérité qui appauvrissent les peuples et en finir avec le chantage imposé par les institutions financières et européennes (la Troïka) : « On vous prête de l’argent pour rembourser votre dette, mais en compensation, vous devez appliquer des mesures d’austérité drastiques : diminution des salaires et des pensions, rabotage des droits sociaux, vente des biens publics… »
Pour Eric Toussaint, porte-parole du CADTM interviewé dans ce numéro, la gauche radicale doit être… radicale et intransigeante sur ce point : il faut refuser catégoriquement d’entrer dans ce chantage et prouver que les dettes contractées par les Etats au cours des dernières décennies sont illégitimes, voire odieuses.
Pour lui comme pour de nombreux activistes engagés dans ce combat, « il faut un Plan B pour la gauche européenne », le Plan A étant celui de la capitulation face aux injonctions des institutions financières de l’UE, comme cela s’est produit en Grèce. Selon lui, ce Plan B est indispensable si on veut changer le cap du navire Europe et ne pas laisser un boulevard à l’extrême droite, qui surfe sur la vague anti-européenne pour des raisons beaucoup moins nobles…
SOMMAIRE
p3 – GRECE : Syriza et l’orthodoxie budgétaire de l’UE
Le 15 juillet 2015 restera dans les mémoires d’Alexis Tsipras, le leader du parti Syriza, comme un tournant dans l’ascension de son parti. Mais sous la pression des créanciers, de profondes divisions ont vu le jour et la belle histoire du parti Syriza a pris du plomb dans l’aile.
p6 – ESPAGNE/ Podemos : La fraîcheur et l’impasse ?
La naissance du parti espagnol Podemos, en janvier 2014, a suscité de grandes espérances. Présenté comme le prolongement du mouvement des Indignés, il s’est imposé sur la scène politique espagnole. Aujourd’hui, après la tenue de nouvelles élections, le parti s’est maintenu, sans émerger, sans chuter.
p10 –PORTUGAL : Il faut arroser les œillets…
Le Portugal a vu émerger en 1999 un mouvement politique hérité de la Révolution des œillets de 1974. Aujourd’hui, le Bloco soutient de l’extérieur le Parti socialiste au pouvoir pour résister aux injonctions européennes et tenter de promouvoir des politiques sociales justes.
p13 – INTERVIEW : La gauche ne peut pas jouer les Bisounours
Eric Toussaint (CADTM) parcourt le monde pour soutenir les mouvements de gauche qui militent en faveur de l’annulation de la dette de leur pays. Il combat fermement les politiques européennes d’austérité qui appauvrissent les peuples. Rencontre riche avec un homme de conviction.
p17 – BELGIQUE : Fronts de gauche à l’horizon ?
Les élections de 2014 ont lancé le paquebot fédéral Belgique à droite toute. Même orientation en Flandre. Les régions wallonne et bruxelloise ont conservé un centre-gauche mais leur marge de manœuvre reste étriquée. Une alliance des partis de gauche semble plus pertinente que jamais. Est-elle réalisable ?
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