Régionalisation du logement : Une occasion à ne pas manquer ! ( Contrastes Avril 2015)
Bail et fiscalité immobilière :
Ne pas louper le coche !
Il y a eu un petit frémissement l’automne dernier. Et ce n’était pas dû à la saison. Avant le passage à l’année nouvelle, les banques ont connu un surcroît de travail. Et ce n’était pas à cause des cadeaux de Noël. Non, c’était à cause du « bonus logement ». Ainsi appelle-t-on cette déduction fiscale accordée aux ménages qui contractent un emprunt hypothécaire pour acquérir une habitation « propre et unique ». Or ce dispositif fédéral allait concrètement être transféré aux Régions au 1er janvier 2015. Mais le bonus logement souffre d’une série de critiques justifiées et les pouvoirs publics régionaux ont pris chacun leur calculette pour vérifier l’importance présente et future du manque à gagner que ce cadeau fiscal représente. Bref, les choses ne resteraient pas en l’état. La Flandre avait déjà annoncé qu’elle reverrait le taux de réduction à la baisse. Et voilà l’explication de l’effervescence bancaire dans les derniers mois de 2014. Il fallait se dépêcher de prendre son prêt hypothécaire avant. En Wallonie, le ministre du Logement Paul Furlan, invité de ce dossier de Contrastes, lançait l’idée de supprimer à la fois le bonus logement et le précompte immobilier. C’est que la sixième réforme de l’Etat a augmenté l’autonomie fiscale des Régions en matière d’IPP, et leur a confié une compétence fiscale exclusive pour une série de matières et principalement le logement. La fiscalité immobilière repré- sente une part importante des recettes régionales et constitue de ce fait un enjeu clé. Comment vontelles s’en saisir ? Nous avons pris ici l’exemple du bonus logement qui a fait débat dans la presse, mais nous nous intéressons dans ces pages à un autre enjeu, celui d’une révision de la base sur laquelle on prélève le précompte immobilier. Il s’agit bien sûr de l’idée de taxer les revenus locatifs réellement perçus. On aura entendu aussi les gouvernements wallon et bruxellois annoncer qu’ils procéderont à un saut d’index des loyers, puisque le fédéral, lui, impose un saut d’index des salaires. C’est qu’à côté de la fiscalité immobilière, les Régions ont hérité aussi de la compétence sur le bail d’habitation. Et ce n’est pas une mince affaire ! Dans ce paquet législatif se trouvent plusieurs dispositifs existants qui gagneraient à être améliorés ou à … voir le jour : cela va de l’idée d’un bail type jusqu’à l’enjeu (bien au-delà d’un saut d’index) d’un encadrement des loyers, en passant par le projet d’un Fonds pour les garanties locatives. Nous examinerons de plus près ces deux derniers en particulier dans ce numéro. Les règles qui touchent au bail concernent de près les locataires, ce qui fait tout de même un Wallon sur trois et un Bruxellois sur deux. Elles touchent à un besoin fondamental pour la population, celui de vivre dans un logement décent à un coût supportable. Pour tous ceux et celles qui ne veulent ou ne peuvent pas devenir propriétaires, louer un bien peut se transformer en cauchemar répétitif quand les prix explosent, quand l’offre ne répond pas à la demande, quand la rénovation ne suit pas et que, malgré ces évidences, ce secteur du logement est par trop laissé à luimême. Le transfert de compétences actuel est une occasion à ne pas manquer pour s’emparer de ces questions.
Sommaire
p3 – Vers un code régional de l’habitation ?
(Par Christine Steinbach)
Depuis le 1er juillet 2014, les Régions sont devenues compétentes pour ce qui regarde le bail de résidence principale. L’air de rien, cela concerne un Wallon sur trois et un Bruxellois sur deux ! Assurer une cohérence dans cette matière qui se complexifie est un sacré défi. Mais ce transfert peut être une chance si les Régions s’en saisissent pour mieux soutenir et réguler le secteur locatif privé, parent pauvre des politiques du logement.
p7 – Encadrer les loyers : ça se passe près de chez nous !
(Par Christine Steinbach)
Le transfert de la loi en matière de bail donne aux Régions la faculté d’encadrer les loyers du parc locatif privé. Il est temps car tandis que les prix grimpent, la Belgique reste à la traîne par rapport à ses voisins. Or faute de réguler, une série de politiques manquent leurs objectifs ou restent en rade, comme l’allocation-loyer.
p10 – Interview : Paul Furlan : “La Wallonie a besoin d’un code unique du logement”
(Par Christine Steinbach et Claudia Benedetto))
Paul Furlan, ministre wallon des Pouvoirs locaux, de la Ville, de l’Energie et du Logement, hérite des compétences transférées concernant le bail d’habitation. Il prône l’idée d’un Code unique du logement intégrant secteur public et privé. Tous deux doivent être mobilisés en articulation pour relever le défi d’une offre suffisante et accessible.
p14 – Des balises pour un Fonds de garantie locative
(Par Muriel Vanderborgt et Christine Steinbach)
Débourser deux ou trois mois de garantie locative, ce n’est pas donné ! Là où les loyers dépassent largement la barre des 500 euros, c’est plus qu’un mois complet de salaire qui passe dans la constitution de la garantie. Alors, pour les plus jeunes qui n’ont pas encore touché leurs premières paies, pour les allocataires sociaux, pour ceux qui ne bénéficient que de revenus très précaires, quelles sont les solutions ?
p17 – Taxer les loyers réels
(Par Monique Van Dieren)
Cela paraît évident : les propriétaires-bailleurs devraient être taxés sur les loyers réels qu’ils perçoivent de leur(s) locataire(s). Et pourtant, la réalité est tout autre…
Prix au n°
Prix au n° : 2 € (+ frais d’envoi)
Pour s’abonner (Contrastes + La Fourmilière)