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GÉOLOCALISATION : LA BANALISATION DE LA SURVEILLANCE

Auteure : Clau­­­­­­­­­­­­­dia Bene­­­­­­­­­­­­­detto

Notre vie numé­­­­­­­­­­­­­rique est parse­­­­­­­­­­­­­mée d’ac­­­­­­­­­­­­­tions, de traces invi­­­­­­­­­­­­­sibles à l’oeil nu que nous lais­­­­­­­­­­­­­sons derrière nous lors de notre passage sur le net. Ces empreintes sont enre­­­­­­­­­­­­­gis­­­­­­­­­­­­­trées, collec­­­­­­­­­­­­­tées sur des serveurs par des firmes dans une visée de marke­­­­­­­­­­­­­ting. Parmi les données, on trouve celle de la géolo­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tion. Où que l’on se trouve sur le globe, on peut aujourd’­­­­­­­­­­­­­hui iden­­­­­­­­­­­­­ti­­­­­­­­­­­­­fier notre posi­­­­­­­­­­­­­tion. Serions nous traqués ?

Elliot Alder­­­­­­­­­­­­­son, vous connais­­­­­­­­­­­­­sez ? C’est ce jeune ingé­­­­­­­­­­­­­nieur en sécu­­­­­­­­­­­­­rité infor­­­­­­­­­­­­­ma­­­­­­­­­­­­­tique qui est au centre de la série améri­­­­­­­­­­­­­caine Mr Robot, que je vous recom­­­­­­­­­­­­­mande au passage. Ce cyber-justi­­­­­­­­­­­­­cier anti-système souf­­­­­­­­­­­­­frant de troubles de l’an­xiété et de para­­­­­­­­­­­­­noïa recouvre sa webcam d’un scotch, se balade dans la rue avec un capu­­­­­­­­­­­­­chon sur la tête pour ne pas être iden­­­­­­­­­­­­­ti­­­­­­­­­­­­­fié par les camé­­­­­­­­­­­­­ras de surveillance, surfe sur le dark­­­­­­­­­­­­­net et utilise tous les subter­­­­­­­­­­­­­fuges pour être invi­­­­­­­­­­­­­si­­­­­­­­­­­­­ble… Et dans la vraie vie, ça marche comment ?

Toute une série d’ap­­­­­­­­­­­­­pli­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­tions ont basé leur modèle écono­­­­­­­­­­­­­mique sur la géolo­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tion. Par exemple Tinder, une appli qui permet d’iden­­­­­­­­­­­­­ti­­­­­­­­­­­­­fier des personnes céli­­­­­­­­­­­­­ba­­­­­­­­­­­­­taires dans les envi­­­­­­­­­­­­­rons d’où vous vous trou­­­­­­­­­­­­­vez, mais aussi Uber ou Google Map. Sans géolo­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tion, pas de busi­­­­­­­­­­­­­ness pour ces applis. Les systèmes d’ex­­­­­­­­­­­­­ploi­­­­­­­­­­­­­ta­­­­­­­­­­­­­tion comme Android, qui appar­­­­­­­­­­­­­tient à Google (l’un des leaders en matière de commer­­­­­­­­­­­­­cia­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tion des données person­­­­­­­­­­­­­nelles), collectent égale­­­­­­­­­­­­­ment des données de géolo­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tion.

Les panneaux publi­­­­­­­­­­­­­ci­­­­­­­­­­­­­taires vous épient

Aujourd’­­­­­­­­­­­­­hui, il est possible pour les annon­­­­­­­­­­­­­ceurs d’adap­­­­­­­­­­­­­ter la publi­­­­­­­­­­­­­cité qui s’af­­­­­­­­­­­­­fiche sur votre télé­­­­­­­­­­­­­phone mobile lorsque vous passez devant un panneau publi­­­­­­­­­­­­­ci­­­­­­­­­­­­­taire ; il suffit pour cela que vous ayez accepté le message de loca­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tion. C’est bien connu, beau­­­­­­­­­­­­­coup de gens qui se baladent en rue aujourd’­­­­­­­­­­­­­hui, ont souvent les yeux rivés sur leur smart­­­­­­­­­­­­­phone et ne sont pas atten­­­­­­­­­­­­­tifs à leur envi­­­­­­­­­­­­­ron­­­­­­­­­­­­­ne­­­­­­­­­­­­­ment. En 2019, on estime que près d’une publi­­­­­­­­­­­­­cité sur deux envoyée sur nos mobiles sera géolo­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sée.


Source : Géolo­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tion : tous traqués ? Sophie Roland, Vincent Kelner et Domi­­­­­­­­­­­­­nique Morteau, Envoyé spécial, 12 février 2015.

Une intru­­­­­­­­­­­­­sion perma­­­­­­­­­­­­­nente

Après tout, la plupart des gens aujourd’­­­­­­­­­­­­­hui, en parta­­­­­­­­­­­­­geant un selfie par exemple, indiquent l’en­­­­­­­­­­­­­droit où il a été pris, dans quel restau­­­­­­­­­­­­­rant ils sont en train de manger ou de boire un verre… Beau­­­­­­­­­­­­­coup partagent leurs bons plans, les hôtels qu’ils fréquen­­­­­­­­­­­­­tent… Dans ce cas, vous choi­­­­­­­­­­­­­sis­­­­­­­­­­­­­sez vous-même d’être loca­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sables, c’est votre propre choix. Mais lorsqu’on vous l’im­­­­­­­­­­­­­pose, c’est une autre histoire. Et vous n’ima­­­­­­­­­­­­­gi­­­­­­­­­­­­­nez pas tout ce que Google récolte sur vous sans votre auto­­­­­­­­­­­­­ri­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tion, ou en tout cas sans que vous ne le sachiez parce que vous n’avez pas lu les condi­­­­­­­­­­­­­tions géné­­­­­­­­­­­­­rales. Les firmes qui collectent vos données savent à quelle heure vous allez dormir grâce à l’heure à laquelle vous n’êtes plus actif sur les réseaux sociaux ou sur inter­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­net… Elles connaissent vos habi­­­­­­­­­­­­­tudes : à quelle heure vous sortez de chez vous le matin, si vous dépo­­­­­­­­­­­­­sez vos enfants dans telle école, si vous vous rendez régu­­­­­­­­­­­­­liè­­­­­­­­­­­­­re­­­­­­­­­­­­­ment dans tel hôtel, où vous allez faire vos cour­­­­­­­­­­­­­ses…

Du coup, même si vous essayez de soigner votre iden­­­­­­­­­­­­­tité numé­­­­­­­­­­­­­rique, que vous contrô­­­­­­­­­­­­­lez les photos de vous que vous postez, que vous ne mention­­­­­­­­­­­­­nez pas les restos où vous vous rendez, les algo­­­­­­­­­­­­­rithmes des grandes socié­­­­­­­­­­­­­tés qui récoltent les données, eux, seront capables de mettre à jour votre vraie iden­­­­­­­­­­­­­tité, votre iden­­­­­­­­­­­­­tité physique, celle que vous voulez cacher derrière vos selfies sur les réseaux sociaux.

De plus, les objets connec­­­­­­­­­­­­­tés qui commencent à faire partie de notre quoti­­­­­­­­­­­­­dien présentent d’énormes failles. Par exemple, les montres qui enre­­­­­­­­­­­­­gistrent notre rythme cardiaque et nos trajets, ou les poupées connec­­­­­­­­­­­­­tées censées appor­­­­­­­­­­­­­ter une sécu­­­­­­­­­­­­­rité à vos enfants, sont faci­­­­­­­­­­­­­le­­­­­­­­­­­­­ment « pira­­­­­­­­­­­­­tables ». Il en existe tout de même qui sont plus sécu­­­­­­­­­­­­­ri­­­­­­­­­­­­­sés que d’autres ; rensei­­­­­­­­­­­­­gnez-vous bien lors de l’achat de l’un de ces nouveaux joujoux !

Les données de géolo­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tion sont encore plus intru­­­­­­­­­­­­­sives que les autres types de données que l’on collecte sur nous. En 2014, la CNIL (Commis­­­­­­­­­­­­­sion natio­­­­­­­­­­­­­nale infor­­­­­­­­­­­­­ma­­­­­­­­­­­­­tique et liber­­­­­­­­­­­­­tés)1 a publié une étude réali­­­­­­­­­­­­­sée pendant trois mois sur les deux cents appli­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­tions les plus utili­­­­­­­­­­­­­sées par les Français. Celle-ci a révélé que 30% des applis ont eu accès à la loca­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tion. L’appli météo ou l’appli Plays­­­­­­­­­­­­­tore instal­­­­­­­­­­­­­lées par défaut sous Android, ont chacune géolo­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­lisé les smart­­­­­­­­­­­­­phones en test 1,5 million de fois pendant 3 mois à savoir 10 accès par minute ! Par contre, sur IOS, le système d’ex­­­­­­­­­­­­­ploi­­­­­­­­­­­­­ta­­­­­­­­­­­­­tion mobile déve­­­­­­­­­­­­­loppé par Apple, moins de données sont mesu­­­­­­­­­­­­­rées que sous Android, système d’ex­­­­­­­­­­­­­ploi­­­­­­­­­­­­­ta­­­­­­­­­­­­­tion mobile déve­­­­­­­­­­­­­loppé par Google.

A quelles infor­­­­­­­­­­­­­ma­­­­­­­­­­­­­tions ces appli­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­tions ont-elles accès ? Au nom de l’opé­­­­­­­­­­­­­ra­­­­­­­­­­­­­teur, au numéro de série du télé­­­­­­­­­­­­­phone, au numéro de télé­­­­­­­­­­­­­phone, aux iden­­­­­­­­­­­­­ti­­­­­­­­­­­­­fiants de la carte SIM, à la liste des points d’ac­­­­­­­­­­­­­cès wifi : ceux-ci sont carto­­­­­­­­­­­­­gra­­­­­­­­­­­­­phiés dans le monde. En ayant accès à la liste des wifi déjà utili­­­­­­­­­­­­­sés par votre télé­­­­­­­­­­­­­phone, on va pouvoir déter­­­­­­­­­­­­­mi­­­­­­­­­­­­­ner les lieux où vous vous êtes rendus.

Le géomar­­­­­­­­­­­­­ke­­­­­­­­­­­­­ting a de beaux jours devant lui. Il permet d’ajus­­­­­­­­­­­­­ter un message en fonc­­­­­­­­­­­­­tion d’un terri­­­­­­­­­­­­­toire donné. Par exemple, en analy­­­­­­­­­­­­­sant les données du site inter­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­net qu’une société gère, elle peut se rendre compte qu’elle a moins de visites de personnes qui se trouvent dans la province du Luxem­­­­­­­­­­­­­bourg. Elle peut alors prévoir une campagne de commu­­­­­­­­­­­­­ni­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­tion pour atti­­­­­­­­­­­­­rer ces personnes-là, par exemple, en leur propo­­­­­­­­­­­­­sant une offre d’abon­­­­­­­­­­­­­ne­­­­­­­­­­­­­ment allé­­­­­­­­­­­­­chante. Vous l’au­­­­­­­­­­­­­rez compris, si vous vous trou­­­­­­­­­­­­­vez à Bruxelles, vous n’au­­­­­­­­­­­­­rez pas le même avan­­­­­­­­­­­­­tage.

Vous avez sans doute aussi remarqué que depuis quelque temps, les sites ou applis de médias en ligne vous proposent de vous loca­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­ser. Cela leur permet de vendre cette donnée à des publi­­­­­­­­­­­­­ci­­­­­­­­­­­­­taires qui pour­­­­­­­­­­­­­ront ainsi adap­­­­­­­­­­­­­ter l’offre à votre loca­­­­­­­­­­­­­lité.

Du marke­­­­­­­­­­­­­ting au flicage

Qu’un inconnu connaisse vos trajets quoti­­­­­­­­­­­­­diens ou vos compor­­­­­­­­­­­­­te­­­­­­­­­­­­­ments d’achats n’a peut-être pas beau­­­­­­­­­­­­­coup d’im­­­­­­­­­­­­­por­­­­­­­­­­­­­tance pour vous. Mais c’est sans comp­­­­­­­­­­­­­ter sur l’énorme pouvoir qu’ont les socié­­­­­­­­­­­­­tés qui détiennent toutes ces données sur nous : que diriez-vous de devoir utili­­­­­­­­­­­­­ser une appli qui enre­­­­­­­­­­­­­gistre votre compor­­­­­­­­­­­­­te­­­­­­­­­­­­­ment de conduite en temps réel ? En échange, votre assu­­­­­­­­­­­­­reur vous donne­­­­­­­­­­­­­rait une ristourne si vous obte­­­­­­­­­­­­­nez un bon score ! Certaines entre­­­­­­­­­­­­­prises utilisent égale­­­­­­­­­­­­­ment cette tech­­­­­­­­­­­­­no­­­­­­­­­­­­­lo­­­­­­­­­­­­­gie pour surveiller leurs sala­­­­­­­­­­­­­riés : suivre leur temps de travail, les livrai­­­­­­­­­­­­­sons… Bien qu’un cadre juri­­­­­­­­­­­­­dique existe, c’est la ques­­­­­­­­­­­­­tion de la bana­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tion de la surveillance qui est en jeu. Entre sécu­­­­­­­­­­­­­rité et surveillance, la distance est ténue. Au nom de la sécu­­­­­­­­­­­­­rité, on justi­­­­­­­­­­­­­fie l’usage de tech­­­­­­­­­­­­­no­­­­­­­­­­­­­lo­­­­­­­­­­­­­gies qui nous épient. La surveillance est bran­­­­­­­­­­­­­die comme un moindre mal, une évolu­­­­­­­­­­­­­tion natu­­­­­­­­­­­­­relle et l’on doit faire confiance aux auto­­­­­­­­­­­­­ri­­­­­­­­­­­­­tés qui ont accès à notre vie privée. Comment faire aujourd’­­­­­­­­­­­­­hui si l’on ne souhaite pas être tracé ? Etre atten­­­­­­­­­­­­­tif au type d’ap­­­­­­­­­­­­­plis que l’on télé­­­­­­­­­­­­­charge ? Désac­­­­­­­­­­­­­ti­­­­­­­­­­­­­ver le GPS de son télé­­­­­­­­­­­­­phone et de son appa­­­­­­­­­­­­­reil photo ? Couper le wifi, les données mobiles et le Blue­­­­­­­­­­­­­tooth ? Est-ce pour autant envi­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­geable ? En théo­­­­­­­­­­­­­rie sans doute. Qui va penser à chaque fois qu’il aura terminé d’uti­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­ser son smart­­­­­­­­­­­­­phone, à réali­­­­­­­­­­­­­ser ces actions ?

Au-delà de la prise de conscience des indi­­­­­­­­­­­­­vi­­­­­­­­­­­­­dus, de la néces­­­­­­­­­­­­­saire infor­­­­­­­­­­­­­ma­­­­­­­­­­­­­tion, de l’échange utile de trucs et astuces, c’est le modèle qu’il faut ques­­­­­­­­­­­­­tion­­­­­­­­­­­­­ner : est-ce normal que Google Maps soit l’ap­­­­­­­­­­­­­pli­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­tion de réfé­­­­­­­­­­­­­rence utili­­­­­­­­­­­­­sée par d’autres applis ? N’y a-t-il pas là un problème de mono­­­­­­­­­­­­­pole et donc de concen­­­­­­­­­­­­­tra­­­­­­­­­­­­­tion de données dans les mains de quelques géants du Net ? Des alter­­­­­­­­­­­­­na­­­­­­­­­­­­­tives existent mais elles ne sont pas suffi­­­­­­­­­­­­­sam­­­­­­­­­­­­­ment connues (Start­­­­­­­­­­­­­page, Opens­­­­­­­­­­­­­treet­­­­­­­­­­­­­map…) et manquent de moyens pour se perfec­­­­­­­­­­­­­tion­­­­­­­­­­­­­ner et propo­­­­­­­­­­­­­ser des outils aussi faciles à utili­­­­­­­­­­­­­ser que l’offre Google. Une solu­­­­­­­­­­­­­tion serait de deman­­­­­­­­­­­­­der aux auto­­­­­­­­­­­­­ri­­­­­­­­­­­­­tés compé­­­­­­­­­­­­­tentes de promou­­­­­­­­­­­­­voir et inves­­­­­­­­­­­­­tir dans ce type de projet.

Est-ce normal que certains pays euro­­­­­­­­­­­­­péens utilisent les données, notam­­­­­­­­­­­­­ment de géolo­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tion, des migrants pour véri­­­­­­­­­­­­­fier leurs dires ? N’est-ce pas là une grave atteinte aux droits de l’homme ? N’est-ce pas là aussi le signal d’une dérive ? Qu’est-ce qui nous garan­­­­­­­­­­­­­tit que nos faits et gestes reste­­­­­­­­­­­­­ront consi­­­­­­­­­­­­­gnés à un seul endroit ou seront utili­­­­­­­­­­­­­sés unique­­­­­­­­­­­­­ment à des fins clai­­­­­­­­­­­­­re­­­­­­­­­­­­­ment iden­­­­­­­­­­­­­ti­­­­­­­­­­­­­fiées ? Et plus simple­­­­­­­­­­­­­ment, avons-nous, sans nous en rendre compte, aban­­­­­­­­­­­­­donné à jamais notre droit à l’ano­­­­­­­­­­­­­ny­­­­­­­­­­­­­mat, le plai­­­­­­­­­­­­­sir de nous fondre dans la masse, de nous perdre au détour d’une ruelle sans pour autant que des incon­­­­­­­­­­­­­nus parfois même à l’autre bout du monde ne soient au courant ? Avons nous délaissé une fois pour toute la sensa­­­­­­­­­­­­­tion enivrante que peut procu­­­­­­­­­­­­­rer la liberté de mouve­­­­­­­­­­­­­ment ?


1. La Commis­­­­­­­­­­­­­sion natio­­­­­­­­­­­­­nale de l’in­­­­­­­­­­­­­for­­­­­­­­­­­­­ma­­­­­­­­­­­­­tique et des liber­­­­­­­­­­­­­tés (CNIL) est une auto­­­­­­­­­­­­­rité admi­­­­­­­­­­­­­nis­­­­­­­­­­­­­tra­­­­­­­­­­­­­tive indé­­­­­­­­­­­­­pen­­­­­­­­­­­­­dante française. La CNIL est char­­­­­­­­­­­­­gée de veiller à ce que l’in­­­­­­­­­­­­­for­­­­­­­­­­­­­ma­­­­­­­­­­­­­tique soit au service du citoyen et qu’elle ne porte atteinte ni à l’iden­­­­­­­­­­­­­tité humaine, ni aux droits de l’Homme, ni à la vie privée, ni aux liber­­­­­­­­­­­­­tés indi­­­­­­­­­­­­­vi­­­­­­­­­­­­­duelles ou publiques.

Trois lieux suffisent pour connaître vos amis !

Vous loca­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­ser permet d’avoir accès à toute une série d’in­­­­­­­­­­­­­for­­­­­­­­­­­­­ma­­­­­­­­­­­­­tions vous concer­­­­­­­­­­­­­nant : « Pour iden­­­­­­­­­­­­­ti­­­­­­­­­­­­­fier de manière unique une personne, il suffit d’avoir accès à trois points de géolo­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tion. Parce que personne n’a le même triplé d’in­­­­­­­­­­­­­for­­­­­­­­­­­­­ma­­­­­­­­­­­­­tions : personne n’a le même travail que vous ; le même domi­­­­­­­­­­­­­cile que vous, le même loisir que vous » explique Stéphane Petit­­­­­­­­­­­­­co­­­­­­­­­­­­­las, ingé­­­­­­­­­­­­­nieur expert à la CNIL, à l’oc­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­sion des Assises du Géomar­­­­­­­­­­­­­ke­­­­­­­­­­­­­ting 2015 (1).
Tout cela est possible par exemple en analy­­­­­­­­­­­­­sant la fréquence à laquelle on vous loca­­­­­­­­­­­­­lise à un endroit précis. Mais ce n’est pas tout ! On peut aussi savoir qui sont vos vrais amis dans la vraie vie ! Pour ce faire, les analystes qui récep­­­­­­­­­­­­­tion­­­­­­­­­­­­­ne­­­­­­­­­­­­­ront vos données analy­­­­­­­­­­­­­se­­­­­­­­­­­­­ront le nombre de fois que vous vous trou­­­­­­­­­­­­­vez au même endroit qu’un autre appa­­­­­­­­­­­­­reil, si cela se repro­­­­­­­­­­­­­duit quatre fois, on pourra en déduire que vous êtes avec un proche.


1. Stéphane Petit­­­­­­­­­­­­­co­­­­­­­­­­­­­las présente la protec­­­­­­­­­­­­­tion des données person­­­­­­­­­­­­­nelles sur l’uti­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tion de la géolo­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tion par les smart­­­­­­­­­­­­­phones à l’oc­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­sion des Assises du Géomar­­­­­­­­­­­­­ke­­­­­­­­­­­­­ting 2015.

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