Analyses

Numé­ri­sa­tion | DES FRACTURES MULTIPLES (Décembre 2021)

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Monique Van Dieren, Contrastes décembre 2021, p 6 à 9

La numé­­­­­­­ri­­­­­­­sa­­­­­­­tion massive de la société a mis en lumière les inéga­­­­­­­li­­­­­­­tés face aux tech­­­­­­­no­­­­­­­lo­­­­­­­gies numé­­­­­­­riques, que ce soit en termes d’ac­­­­­­­cès, d’usage, de connais­­­­­­­sances ou de compé­­­­­­­tences.
La frac­­­­­­­ture numé­­­­­­­rique a été exacer­­­­­­­bée avec la pandé­­­­­­­mie mondiale depuis 2020. Ces frac­­­­­­­tures sont de natures diverses.

On appré­­­­­­­hende géné­­­­­­­ra­­­­­­­le­­­­­­­ment la problé­­­­­­­ma­­­­­­­tique de la frac­­­­­­­ture numé­­­­­­­rique sous l’angle de trois niveaux de frac­­­­­­­tures : la frac­­­­­­­ture d’ac­­­­­­­cès, d’usage et de compé­­­­­­­tences. Cet article se base sur des études réali­­­­­­­sées par l’AB-REOC, la Fonda­­­­­­­tion Roi Baudouin (FRB) et Digi­­­­­­­tal Wallo­­­­­­­nia.

Frac­­­­­­­ture d’ac­­­­­­­cès : 91% de Belges connec­­­­­­­tés

Le premier degré de frac­­­­­­­ture concerne l’ac­­­­­­­cès à une connexion inter­­­­­­­­­­­­­net et la posses­­­­­­­sion d’équi­­­­­­­pe­­­­­­­ments numé­­­­­­­riques (ordi­­­­­­­na­­­­­­­teur, tablette, smart­­­­­­­phone, etc.). En 2020, 91% des ménages belges dispo­­­­­­­saient d’une connexion inter­­­­­­­­­­­­­net à leur domi­­­­­­­cile.
Selon l’étude de la FRB1, le taux d’ac­­­­­­­cès à inter­­­­­­­­­­­­­net à domi­­­­­­­cile a dans l’en­­­­­­­semble progressé ces quatre dernières années. La tendance majeure en 2020 est sans conteste la nette augmen­­­­­­­ta­­­­­­­tion du taux de connexion au sein des ménages dont le revenu mensuel net est infé­­­­­­­rieur à 1.200€. Cepen­­­­­­­dant, un écart impor­­­­­­­tant perdure, puisqu’ils ont huit fois moins de chances que ceux dispo­­­­­­­sant de plus de 3.000€ d’être connec­­­­­­­tés à inter­­­­­­­­­­­­­net à leur domi­­­­­­­cile. Par ailleurs, les personnes vivant seules (majo­­­­­­­ri­­­­­­­tai­­­­­­­re­­­­­­­ment des femmes) ont quasi­­­­­­­ment trois fois moins de chances de dispo­­­­­­­ser d’une connexion inter­­­­­­­­­­­­­net à domi­­­­­­­cile. L’âge est égale­­­­­­­ment un facteur à prendre en consi­­­­­­­dé­­­­­­­ra­­­­­­­tion. Mais ce critère est sous-estimé car dans les statis­­­­­­­tiques natio­­­­­­­nales, les personnes de plus de 74 ans ne sont pas prises en compte dans l’échan­­­­­­­tillon, masquant ainsi de nombreuses situa­­­­­­­tions de non-connexion dans les foyers compo­­­­­­­sés de personnes plus âgées.

Une compa­­­­­­­rai­­­­­­­son entre les régions du pays révèle un lien parti­­­­­­­cu­­­­­­­liè­­­­­­­re­­­­­­­ment marqué entre le niveau de revenu et le taux de non-connexion à inter­­­­­­­­­­­­­net à domi­­­­­­­cile pour les ménages bruxel­­­­­­­lois : dans cette région, 25% des foyers à reve­­­­­­­nus modestes n’ont pas de connexion inter­­­­­­­­­­­­­net à la maison. Cette propor­­­­­­­tion est élevée en compa­­­­­­­rai­­­­­­­son à celle de la Flandre (17%) et, dans une moindre mesure, de la Wallo­­­­­­­nie (19%). Le smart­­­­­­­phone devient leur support de réfé­­­­­­­rence, souvent unique, pour surfer sur le web avec tout ce que cela présume de diffi­­­­­­­cul­­­­­­­tés lorsqu’il s’agit de faire des démarches plus complexes dans le cadre profes­­­­­­­sion­­­­­­­nel, scolaire ou la vie admi­­­­­­­nis­­­­­­­tra­­­­­­­tive, par exemple.
Le genre et le niveau d’édu­­­­­­­ca­­­­­­­tion sont les deux facteurs les plus déter­­­­­­­mi­­­­­­­nants du taux de connexion à inter­­­­­­­­­­­­­net par le seul inter­­­­­­­­­­­­­mé­­­­­­­diaire du smart­­­­­­­phone.

Dans une étude récente, Digi­­­­­­­tal Wallo­­­­­­­nia2 a égale­­­­­­­ment mis en évidence un « effet covid » :
La frac­­­­­­­ture numé­­­­­­­rique a contri­­­­­­­bué à renfor­­­­­­­cer l’équi­­­­­­­pe­­­­­­­ment des ménages wallons. 18% des ménages ont acquis durant cette période des ordi­­­­­­­na­­­­­­­teurs, des tablettes, des smart­­­­­­­phones, des écrans ou encore des webcams. Néan­­­­­­­moins, 10% des ménages actifs avec enfant(s) signalent que leur équi­­­­­­­pe­­­­­­­ment reste insuf­­­­­­­fi­­­­­­­sant pour les besoins du télé­­­­­­­tra­­­­­­­vail et des études de tous les membres du foyer.

Frac­­­­­­­ture d’usage : le niveau d’études et de reve­­­­­­­nus sont déter­­­­­­­mi­­­­­­­nants

Le deuxième niveau de frac­­­­­­­ture, celui de l’usage, concerne les dispa­­­­­­­ri­­­­­­­tés rela­­­­­­­tives à l’in­­­­­­­ten­­­­­­­sité et au type d’usage par les utili­­­­­­­sa­­­­­­­teurs, une fois la barrière de l’ac­­­­­­­cès à inter­­­­­­­­­­­­­net surmon­­­­­­­tée.
Pour la FRB3, les facteurs les plus déter­­­­­­­mi­­­­­­­nants de la variété d’uti­­­­­­­li­­­­­­­sa­­­­­­­tion d’in­­­­­­­ter­­­­­­­net sont le niveau de revenu, le diplôme et l’âge. Plus de quatre personnes sur dix (43%) titu­­­­­­­laires d’un faible niveau de diplôme n’uti­­­­­­­lisent pas ou très peu inter­­­­­­­­­­­­­net. C’est quatre fois plus que parmi les titu­­­­­­­laires d’un diplôme de l’en­­­­­­­sei­­­­­­­gne­­­­­­­ment supé­­­­­­­rieur.

L’écart dans l’uti­­­­­­­li­­­­­­­sa­­­­­­­tion d’in­­­­­­­ter­­­­­­­net est encore plus frap­­­­­­­pant selon le niveau de revenu : près de la moitié des inter­­­­­­­­­­­­­nautes (45%) vivant dans un ménage aux reve­­­­­­­nus modestes déclarent ne pas utili­­­­­­­ser inter­­­­­­­­­­­­­net ou ne l’uti­­­­­­­li­­­­­­­ser que de façon limi­­­­­­­tée, contre 11% seule­­­­­­­ment chez les ménages dispo­­­­­­­sant de reve­­­­­­­nus élevés.

Pour l’as­­­­­­­so­­­­­­­cia­­­­­­­tion Vivre Ensemble4, dispo­­­­­­­ser du maté­­­­­­­riel est une chose, savoir l’uti­­­­­­­li­­­­­­­ser, une autre. Un nouveau mot fait désor­­­­­­­mais son appa­­­­­­­ri­­­­­­­tion : l’illec­­­­­­­tro­­­­­­­nisme, formé à partir de deux mots : illet­­­­­­­trisme et élec­­­­­­­tro­­­­­­­nique. Il est utilisé pour mettre en avant le manque de clés néces­­­­­­­saires pour l’uti­­­­­­­li­­­­­­­sa­­­­­­­tion des ressources élec­­­­­­­tro­­­­­­­niques. Cet obstacle génère « de l’in­­­­­­­cer­­­­­­­ti­­­­­­­tude et du décou­­­­­­­ra­­­­­­­ge­­­­­­­ment liés au senti­­­­­­­ment de devoir four­­­­­­­nir des efforts d’ap­­­­­­­pren­­­­­­­tis­­­­­­­sage constants, et pour­­­­­­­tant toujours insuf­­­­­­­fi­­­­­­­sants », remarquent des obser­­­­­­­va­­­­­­­teurs. « Pour­­­­­­­tant, je ne suis pas bête, mais avec ça je suis devenu bête. Je veux bien avan­­­­­­­cer mais lais­­­­­­­sez-moi le temps d’ap­­­­­­­prendre », « Cela va trop vite », peut-on entendre çà et là5 .

L’ana­­­­­­­lyse de Vivre Ensemble met égale­­­­­­­ment l’ac­cent sur une tendance qui renforce la frac­­­­­­­ture d’usage ; l’uti­­­­­­­li­­­­­­­sa­­­­­­­tion exclu­­­­­­­sive du smart­­­­­­­phone, qui est devenu le support de réfé­­­­­­­rence pour se connec­­­­­­­ter. Le Baro­­­­­­­mètre de l’in­­­­­­­clu­­­­­­­sion numé­­­­­­­rique précise que « les indi­­­­­­­vi­­­­­­­dus plus favo­­­­­­­ri­­­­­­­sés sur les plans écono­­­­­­­mique et socio­­­­­­­cul­­­­­­­tu­­­­­­­rel sont les plus multi-connec­­­­­­­tés. Cela signi­­­­­­­fie que moins l’on dispose de reve­­­­­­­nus et moins l’on est diplômé, plus le smart­­­­­­­phone est le moyen unique de se connec­­­­­­­ter à inter­­­­­­­­­­­­­net ». L’ana­­­­­­­lyse fait égale­­­­­­­ment réfé­­­­­­­rence à une enquête socio­­­­­­­lo­­­­­­­gique6 qui montre qu’en milieu popu­­­­­­­laire, les préfé­­­­­­­rences vont aux supports sans clavier, sans souris, pour un manie­­­­­­­ment tactile, évitant l’uti­­­­­­­li­­­­­­­sa­­­­­­­tion de l’écrit. Or, le type d’ou­­­­­­­til utilisé influence les possi­­­­­­­bi­­­­­­­li­­­­­­­tés et les formes d’uti­­­­­­­li­­­­­­­sa­­­­­­­tion.
Sur un télé­­­­­­­phone mobile, il semble bien diffi­­­­­­­cile d’ef­­­­­­­fec­­­­­­­tuer un travail pour l’école ou le boulot, de rédi­­­­­­­ger un curri­­­­­­­cu­­­­­­­lum vitae…

L’uti­­­­­­­li­­­­­­­sa­­­­­­­tion inten­­­­­­­sive d’in­­­­­­­ter­­­­­­­net chez les jeunes, souvent asso­­­­­­­ciés à l’image stéréo­­­­­­­ty­­­­­­­pée d’une géné­­­­­­­ra­­­­­­­tion connec­­­­­­­tée et habile avec les tech­­­­­­­no­­­­­­­lo­­­­­­­gies numé­­­­­­­riques, est en réalité d’abord le fait de jeunes plus diplô­­­­­­­més. Quant aux dispa­­­­­­­ri­­­­­­­tés régio­­­­­­­nales, 29% des Wallons disent ne pas utili­­­­­­­ser inter­­­­­­­­­­­­­net ou n’y recou­­­­­­­rir que de façon restreinte. Cette propor­­­­­­­tion est de 22% dans les deux autres régions.

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Frac­­­­­­­ture de compé­­­­­­­tences : La « simpli­­­­­­­fi­­­­­­­ca­­­­­­­tion admi­­­­­­­nis­­­­­­­tra­­­­­­­tive » hors de portée

Le troi­­­­­­­sième degré de frac­­­­­­­ture concerne les compé­­­­­­­tences numé­­­­­­­riques, c’est-à-dire celles qui sont néces­­­­­­­saires pour utili­­­­­­­ser (correc­­­­­­­te­­­­­­­ment) les tech­­­­­­­no­­­­­­­lo­­­­­­­gies de l’in­­­­­­­for­­­­­­­ma­­­­­­­tion et de la commu­­­­­­­ni­­­­­­­ca­­­­­­­tion et pour parti­­­­­­­ci­­­­­­­per aux multiples domaines de la vie sociale.

Les compé­­­­­­­tences en matière d’in­­­­­­­for­­­­­­­ma­­­­­­­tion comprennent des acti­­­­­­­vi­­­­­­­tés telles que la copie ou le dépla­­­­­­­ce­­­­­­­ment de fichiers ou de dossiers, l’uti­­­­­­­li­­­­­­­sa­­­­­­­tion de l’es­­­­­­­pace de stockage sur inter­­­­­­­­­­­­­net, la recherche d’in­­­­­­­for­­­­­­­ma­­­­­­­tions sur les sites web des pouvoirs publics, la recherche d’in­­­­­­­for­­­­­­­ma­­­­­­­tions sur des biens ou des services, la recherche d’in­­­­­­­for­­­­­­­ma­­­­­­­tions liées à la santé.
Les compé­­­­­­­tences de commu­­­­­­­ni­­­­­­­ca­­­­­­­tion sont des acti­­­­­­­vi­­­­­­­tés telles que l’en­­­­­­­voi et/ou la récep­­­­­­­tion d’e-mails, l’uti­­­­­­­li­­­­­­­sa­­­­­­­tion des réseaux sociaux, les appels télé­­­­­­­pho­­­­­­­niques ou vidéo sur inter­­­­­­­­­­­­­net, le télé­­­­­­­char­­­­­­­ge­­­­­­­ment de docu­­­­­­­ments, etc.7

Ces compé­­­­­­­tences sont indis­­­­­­­pen­­­­­­­sables pour pouvoir recou­­­­­­­rir aux services en ligne. Selon l’étude de la Fonda­­­­­­­tion Roi Baudouin, leur non-utili­­­­­­­sa­­­­­­­tion peut produire des discri­­­­­­­mi­­­­­­­na­­­­­­­tions sur le plan de l’ac­­­­­­­cès aux droits sociaux : démarches admi­­­­­­­nis­­­­­­­tra­­­­­­­tives, soins de santé, services bancaires etc. Il appa­­­­­­­rait clai­­­­­­­re­­­­­­­ment que, dans l’en­­­­­­­semble, les utili­­­­­­­sa­­­­­­­teurs dont le smart­­­­­­­phone est le seul moyen d’ac­­­­­­­cé­­­­­­­der à inter­­­­­­­­­­­­­net sont moins enclins que les personnes dispo­­­­­­­sant de plusieurs modes de connexion à recou­­­­­­­rir aux divers services numé­­­­­­­riques essen­­­­­­­tiels, qu’il s’agisse de services marchands (e-banque, e-commerce) ou non marchands
(e-admi­­­­­­­nis­­­­­­­tra­­­­­­­tion, e-santé).

Pour de nombreuses personnes, la « simpli­­­­­­­fi­­­­­­­ca­­­­­­­tion admi­­­­­­­nis­­­­­­­tra­­­­­­­tive » par le biais de la numé­­­­­­­ri­­­­­­­sa­­­­­­­tion ne rime pas néces­­­­­­­sai­­­­­­­re­­­­­­­ment avec une simpli­­­­­­­fi­­­­­­­ca­­­­­­­tion des démarches en la matière.
C’est pour­­­­­­­tant l’un des argu­­­­­­­ments les plus régu­­­­­­­liè­­­­­­­re­­­­­­­ment avan­­­­­­­cés pour justi­­­­­­­fier l’am­­­­­­­pleur et la rapi­­­­­­­dité des proces­­­­­­­sus de déma­­­­­­­té­­­­­­­ria­­­­­­­li­­­­­­­sa­­­­­­­tion en cours. Plus le niveau d’édu­­­­­­­ca­­­­­­­tion et de revenu est faible, plus la percep­­­­­­­tion des avan­­­­­­­tages
liés à l’uti­­­­­­­li­­­­­­­sa­­­­­­­tion d’in­­­­­­­ter­­­­­­­net est faible. Les femmes, les personnes âgées et les inter­­­­­­­­­­­­­nautes wallons sont plus nombreux à consi­­­­­­­dé­­­­­­­rer que l’usage d’in­­­­­­­ter­­­­­­­net leur procure peu de béné­­­­­­­fices, voire beau­­­­­­­coup de diffi­­­­­­­cul­­­­­­­tés. « Je ne connais pas mon code PIN (de ma carte d’iden­­­­­­­tité) et je ne sais pas où le trou­­­­­­­ver. Je suis allé sur le site inter­­­­­­­­­­­­­net de Mypen­­­­­­­sion mais je ne comprends pas grand-chose. J’ai peur de cliquer, de mal faire, de perdre mon droit ». Ce sont des phrases très régu­­­­­­­liè­­­­­­­re­­­­­­­ment enten­­­­­­­dues par les conseillers mutuel­­­­­­­listes du service Pension de la mutuelle8.
En Wallo­­­­­­­nie, on constate une lente progres­­­­­­­sion des compé­­­­­­­tences numé­­­­­­­riques depuis 2020.
Néan­­­­­­­moins, 20% des Wallons consi­­­­­­­dèrent leurs compé­­­­­­­tences comme réel­­­­­­­le­­­­­­­ment insuf­­­­­­­fi­­­­­­­santes et 35% sont deman­­­­­­­deurs de forma­­­­­­­tions pour amélio­­­­­­­rer leur maîtrise du numé­­­­­­­rique.

Quand on rate le TGV

En conclu­­­­­­­sion, les prin­­­­­­­ci­­­­­­­paux facteurs influençant les inéga­­­­­­­li­­­­­­­tés numé­­­­­­­riques sont le niveau d’études, le niveau de reve­­­­­­­nus, l’âge et le genre.
Malgré une (légère) évolu­­­­­­­tion de l’uti­­­­­­­li­­­­­­­sa­­­­­­­tion des services numé­­­­­­­riques essen­­­­­­­tiels en 2020, d’im­­­­­­­por­­­­­­­tantes inéga­­­­­­­li­­­­­­­tés persistent. Les personnes ayant un faible niveau d’édu­­­­­­­ca­­­­­­­tion et de reve­­­­­­­nus sont les plus touchées.9

En Wallo­­­­­­­nie, la frac­­­­­­­ture numé­­­­­­­rique d’ac­­­­­­­cès s’est réduite. Néan­­­­­­­moins, 32% des Wallons sont clas­­­­­­­sés comme « éloi­­­­­­­gnés » du numé­­­­­­­rique sur base de leurs compé­­­­­­­tences et leur capa­­­­­­­cité à exploi­­­­­­­ter correc­­­­­­­te­­­­­­­ment le numé­­­­­­­rique. La frac­­­­­­­ture numé­­­­­­­rique change de nature en isolant poten­­­­­­­tiel­­­­­­­le­­­­­­­ment ceux qui ont des usages très restric­­­­­­­tifs et qui ne se sentent pas à l’aise avec ces tech­­­­­­­no­­­­­­­lo­­­­­­­gies et leurs impli­­­­­­­ca­­­­­­­tions socié­­­­­­­tales. Il est donc néces­­­­­­­saire de renfor­­­­­­­cer les compé­­­­­­­tences numé­­­­­­­riques dans l’en­­­­­­­sei­­­­­­­gne­­­­­­­ment, dans les forma­­­­­­­tions quali­­­­­­­fiantes, tout au long du parcours profes­­­­­­­sion­­­­­­­nel, et pour tous les citoyens, dans le soutien à des forma­­­­­­­tions par les pouvoirs publics et le secteur asso­­­­­­­cia­­­­­­­tif.
De nombreuses asso­­­­­­­cia­­­­­­­tions et services d’in­­­­­­­ser­­­­­­­tion socio­­­­­­­pro­­­­­­­fes­­­­­­­sion­­­­­­­nelle sont en effet sur-solli­­­­­­­ci­­­­­­­tés pour assis­­­­­­­ter des personnes fragi­­­­­­­li­­­­­­­sées dans toutes leurs démarches admi­­­­­­­nis­­­­­­­tra­­­­­­­tives en ligne, au détri­­­­­­­ment d’un temps qui pour­­­­­­­rait leur être consa­­­­­­­cré à un réel travail d’aide sociale.

Viser l’in­­­­­­­clu­­­­­­­sion numé­­­­­­­rique ? Tout le monde semble d’ac­­­­­­­cord avec cet objec­­­­­­­tif. Mais le monde semble courir comme une poule sans tête après les progrès tech­­­­­­­no­­­­­­­lo­­­­­­­giques… Dans quelle mesure dispose-t-on encore de notre libre arbitre quand tout nous impose de suivre à marche forcée ? Et surtout, qui en sera capable si la numé­­­­­­­ri­­­­­­­sa­­­­­­­tion conti­­­­­­­nue à s’em­­­­­­­bal­­­­­­­ler et à mettre la barre de plus en plus haut ? La frac­­­­­­­ture ne sera jamais comblée si les exigences en termes d’ac­­­­­­­cès et de compé­­­­­­­tences numé­­­­­­­riques ne cessent d’aug­­­­­­­men­­­­­­­ter, et s’il n’y a pas une réelle prise en compte de celles et ceux qui doivent se conten­­­­­­­ter de regar­­­­­­­der passer le TGV du numé­­­­­­­rique…


Autres sources :
• Virgi­­­­­­­nie Van Over­­­­­­­beke, Des nouvelles de l’in­­­­­­­clu­­­­­­­sion numé­­­­­­­rique wallonne, article publié dans la News­­­­­­­let­­­­­­­ter de l’AB-REOC d’oc­­­­­­­tobre 2021
Une meilleure inclu­­­­­­­sion numé­­­­­­­rique de l’en­­­­­­­semble des consom­­­­­­­ma­­­­­­­teurs dans la société, étude en cours d’éla­­­­­­­bo­­­­­­­ra­­­­­­­tion par l’AB-REOC (Virgi­­­­­­­nie Van Over­­­­­­­beke), à paraître en 2022

1. Inclu­­­­­­­sion numé­­­­­­­rique. Les services numé­­­­­­­riques essen­­­­­­­tiels, profi­­­­­­­tables à tout le monde ? Etude de la Fonda­­­­­­­tion Roi Baudouin, 2021. AUTEURS : Périne Brot­­­­­­­corne, UCLou­­­­­­­vain, Centre Inter­­­­­­­dis­­­­­­­ci­­­­­­­pli­­­­­­­naire de Recherche Travail, Etat et Société (CIRTES) ; Laura Faure, Fonda­­­­­­­tion travail-Univer­­­­­­­sité ; Patri­­­­­­­cia Vendra­­­­­­­min, UCLou­­­­­­­vain, Centre Inter­­­­­­­dis­­­­­­­ci­­­­­­­pli­­­­­­­naire de Recherche Travail, Etat et Société (CIRTES) ; avec la colla­­­­­­­bo­­­­­­­ra­­­­­­­tion de Jona­­­­­­­than Dedon­­­­­­­der, UCLou­­­­­­­vain, Insti­­­­­­­tut IACCHOS et Ilse Mariën, imec-SMIT-VUB
2. Baro­­­­­­­mètre 2021 de matu­­­­­­­rité numé­­­­­­­rique des citoyens wallons, publié par Digi­­­­­­­tal Wallo­­­­­­­nia le 17.09.2021, dispo­­­­­­­nible sur : https://www.digi­­­­­­­tal­­­­­­­wal­­­­­­­lo­­­­­­­nia.be/fr/publi­­­­­­­ca­­­­­­­tions/ citoyens2021 , consulté le 07.10.2021
3. Inclu­­­­­­­sion numé­­­­­­­rique. Les services numé­­­­­­­riques essen­­­­­­­tiels, profi­­­­­­­tables à tout le monde ? Etude de la Fonda­­­­­­­tion Roi Baudouin, 2021
4. https://vivre-ensemble.be/le-para­­­­­­­doxe-du-digi­­­­­­­tal
5. L’illec­­­­­­­tro­­­­­­­nisme : ceux qui ne s’y font pas, émis­­­­­­­sion Les pieds sur terre, France Culture, 5 mars 2020
6. Enquête de Domi­­­­­­­nique Pasquier, article paru dans L’al­­­­­­­pha à l’ère numé­­­­­­­rique, Jour­­­­­­­nal de l’al­­­­­­­pha, n°218
7. Selon Stat­­­­­­­bel, étude publiée le 4 février 2021
8. Une digi­­­­­­­ta­­­­­­­li­­­­­­­sa­­­­­­­tion accrue qui pose ques­­­­­­­tion, En marche du 17 juin 2021
9. Inclu­­­­­­­sion numé­­­­­­­rique. Les services numé­­­­­­­riques essen­­­­­­­tiels, profi­­­­­­­tables à tout le monde ? Etude de la Fonda­­­­­­­tion Roi Baudouin, 2021
10. Baro­­­­­­­mètre 2021 de matu­­­­­­­rité numé­­­­­­­rique des citoyens wallons, publié par Digi­­­­­­­tal Wallo­­­­­­­nia le 17.09.2021, dispo­­­­­­­nible sur : https://www.digi­­­­­­­tal­­­­­­­wal­­­­­­­lo­­­­­­­nia.be/fr/publi­­­­­­­ca­­­­­­­tions/ citoyens2021
11. Inclu­­­­­­­sion numé­­­­­­­rique. Les services numé­­­­­­­riques essen­­­­­­­tiels, profi­­­­­­­tables à tout le monde ? Etude de la Fonda­­­­­­­tion Roi Baudouin, 2021
12. Virgi­­­­­­­nie Van Over­­­­­­­beke, Les diffi­­­­­­­cul­­­­­­­tés que rencontrent les consom­­­­­­­ma­­­­­­­teurs face à leurs factures, étude réali­­­­­­­sée par l’AB-REOC, juillet 2021